New Delhi, capitale de l’Inde depuis 1931, occupe une place centrale dans l’histoire politique et urbaine du sous-continent. Située dans le territoire de Delhi, cette ville planifiée a été conçue pour incarner le pouvoir impérial britannique, puis est devenue le siège du gouvernement indépendant. Son développement reflète les transformations historiques, architecturales et administratives du pays au fil des siècles.
Bien avant la fondation de New Delhi, la région a connu de nombreuses capitales successives. Delhi est identifiée à plusieurs anciennes cités, dont Indraprastha, mentionnée dans le Mahabharata, qui aurait été fondée vers le premier millénaire avant notre ère. Des fouilles archéologiques à Purana Qila ont révélé des traces d’occupations datant du IIe siècle av. J.-C., confirmant une activité humaine soutenue dans la région.
À partir du XIIe siècle, plusieurs dynasties musulmanes y établissent leur pouvoir. Le sultanat de Delhi, fondé en 1206, fait de la ville son centre politique. Des monuments comme le Qûtb Minâr témoignent de cette époque. Delhi devient une capitale stratégique, convoitée par les puissances turco-afghanes et mogholes.
Au XVIe siècle, les Moghols prennent le contrôle de la ville. Shah Jahan, empereur moghol, y fonde Shahjahanabad en 1639, une cité fortifiée au nord de l’actuelle New Delhi. Elle devient le centre administratif et culturel de l’empire jusqu’à son déclin au XVIIIe siècle. Le Fort Rouge et la mosquée Jama Masjid sont des témoins majeurs de cette période.
En 1911, lors du Delhi Durbar, le roi George V annonce le transfert de la capitale de l’Inde britannique de Calcutta à Delhi. Ce choix repose sur des considérations géopolitiques et symboliques. Delhi, au centre du sous-continent, incarne l’ancien pouvoir impérial et offre une rupture avec l’Est, foyer du nationalisme indien.
La nouvelle ville est conçue par les architectes Edwin Lutyens et Herbert Baker. L’objectif est de créer un centre administratif moderne reflétant l’autorité impériale. New Delhi est organisée autour du Rajpath, une large avenue monumentale menant au Rashtrapati Bhavan, résidence du vice-roi. L’urbanisme adopte un style classique européen, avec des éléments indo-sarrasins intégrés dans certains bâtiments.
New Delhi est inaugurée officiellement le 13 février 1931. Elle devient le siège du gouvernement colonial et accueille les principales institutions administratives. Sa structure ordonnée contraste avec l’enchevêtrement de la vieille ville moghole située à proximité. La ville est conçue pour fonctionner comme une enclave du pouvoir, séparée des zones populaires.
Après l’indépendance obtenue en 1947, New Delhi conserve son rôle de capitale. Le Rashtrapati Bhavan devient la résidence du président. Les ministères, le parlement et les institutions judiciaires y sont concentrés. Elle est progressivement investie par une nouvelle élite politique indienne.
L’indépendance provoque un afflux massif de populations, notamment à cause de la partition avec le Pakistan. De nouveaux quartiers apparaissent, souvent de manière informelle. New Delhi et la ville de Delhi s’étendent jusqu’à former une agglomération géante, administrée par le National Capital Territory (NCT). Le modèle colonial laisse place à une croissance urbaine plus anarchique.
New Delhi devient un symbole fort de la République indienne. Chaque année, la parade du 26 janvier y célèbre la souveraineté nationale. Les bâtiments coloniaux sont réappropriés par les institutions démocratiques. La ville incarne désormais l’indépendance et l’autorité d’un État moderne tout en portant les traces de son passé impérial.
Les autorités font face à la question du patrimoine bâti. De nombreux édifices construits sous la période britannique font partie du paysage institutionnel. La tension entre préservation historique et nécessité de modernisation est permanente, notamment face aux besoins administratifs croissants.
Le contraste entre Old Delhi (Shahjahanabad) et New Delhi reste marqué. La première est dense, populaire, à l’urbanisme chaotique. La seconde est ordonnée, institutionnelle et plus aisée. Cette dualité soulève des problématiques sociales, économiques et politiques durables.
L’expansion rapide du territoire de Delhi entraîne une complexité administrative croissante. Le gouvernement central, le gouvernement de Delhi et les autorités locales se partagent les compétences. Cette fragmentation rend la planification urbaine difficile et accentue les déséquilibres entre quartiers.